Alexandra Mathiolon : « Je souhaite que Serfim devienne une entreprise à impact »

Le groupe lyonnais de travaux publics créé en 1875 construit son avenir autour de la question climatique. 

Alexandra Mathiolon, sa directrice générale depuis le 1er janvier 2020, souhaite aller toujours plus loin en impliquant partenaires, clients et collaborateurs.

 

Quel regard portez-vous sur vos deux premières années en tant que directrice générale ?

Elles ont été étonnantes, particulières, avec des événements assez inattendus, une crise sanitaire, des perturbations géopolitiques. Elles ont aussi révélé beaucoup de  positif comme la solidarité de l’équipe et sa forte capacité de résilience qui sont notamment nourries par notre actionnariat salarié et notre proximité avec nos équipes. Nous avons senti que les gens étaient vraiment prêts à se mobiliser rapidement. Pendant ces périodes de crise, nous sommes forcés de nous poser des questions de manière accélérée.

Quel a été le sujet qui a particulièrement mobilisé Serfim ?

Je pense bien sûr au Covid, mais pour donner en exemple un sujet qui me tient à cœur et pour lequel j’ai été ravie de constater une certaine mobilisation, c’est le climat.

J’ai été guidée par mes convictions et par l’élan de mes collaborateurs.

Nous nous sommes réunis à 40 autour de notre feuille de route RSE en définissant trois grands axes : le climat, la lutte contre les inégalités, la production et la consommation responsables. Nous avons aussi énormément sensibilisé les équipes avec le soutien de l’association La Fresque du Climat. Cette démarche a été portée par mon engagement au sein de la Convention des entreprises pour le climat, qui était une aventure assez incroyable. Nous avons aussi lancé la réalisation de notre bilan carbone en internalisant les compétences carbone afin qu’elles soient là dans la durée et que nous puissions avancer de manière rigoureuse.

Quelle est l’actualité de Serfim en termes de RSE ?

Nous avons récemment inauguré PARI PLÂTRE, en région parisienne, un très beau site de recyclage du plâtre, que l’on pratiquait déjà en Auvergne – Rhône-Alpes, dans une unité créée en partenariat avec Saint-Gobain et qui permet de revaloriser le plâtre quasiment à l’infini. C’est ce type de solution très concrète qui a du sens pour moi.
Autre sujet, nous développons des modèles de chantier bas carbone avec des analyses complètes du cycle de vie et en multipliant les solutions : c’est-à-dire en utilisant du matériel électrique, du béton bas carbone, en favorisant une optimisation et une organisation des chantiers qui font qu’on limite l’usage de ressources. Nous sommes vraiment compétents sur ce sujet-là.
Concernant les métiers de la dépollution, nous avons développé une entreprise à mission, ECOFHAIR, qui, en lien avec une association de coiffeurs, recycle des cheveux pour en faire des boudins dépolluants d’hydrocarbures que l’on peut mettre dans les cales de bateau ou dans les ports. C’est le genre de solutions qu’on aime bien développer. Enfin, pour SERFIM ENR, notre branche énergies renouvelables, on a créé une centrale de plus de 20 mégawatts. C’est un très beau projet solaire qui s’appuie sur le développement du photovoltaïque.

Quels sont les leviers que vous utilisez pour mobiliser les collaborateurs sur un sujet comme la RSE ?

Il est important de leur montrer que des choses se mettent concrètement en place. C’est un levier important pour la RSE et mes convictions sont profondes. Je constate de nombreux effets positifs par rapport au recrutement, à la vision du groupe et à l’engouement vertueux autour de tous ces sujets. Un autre grand challenge est la digitalisation de nos métiers car nous ne sommes qu’au début de l’histoire. Plus récemment, nous avons entamé une réflexion stratégique autour de notre raison d’être et là encore, la mobilisation a été assez incroyable. Si dans notre mode de fonctionnement les filiales sont autonomes avec une gestion RH au niveau local, les sujets stratégiques sont abordés de manière transversale. La transversalité est pour moi la clé du succès de la mobilisation.

De quelle manière abordez-vous ces sujets stratégiques de manière intergénérationnelle ?

On l’aborde avec un peu d’humour et en général, ça se passe bien. En tout cas, c’est la vision que j’essaie d’avoir. Certes il y a une volonté commune et partagée, mais les enjeux peuvent être différents, il faut le reconnaître. J’essaie de recueillir les différents avis avec beaucoup de bienveillance, de construire la bonne solution. Globalement, les plus jeunes sont plus mobilisés, entre autres sur les questions climatiques, mais il ne faut pas faire de généralités car une partie des équipes est engagée depuis très longtemps en faveur de l’environnement, sur la dépollution et le recyclage. Sur une partie des formations, on essaie d’associer des collaborateurs d’âges différents. Mais c’est surtout dans le quotidien et pendant les événements qu’on essaie de créer du lien.

Nous travaillons aussi beaucoup sur la transmission des savoirs

Nous travaillons aussi beaucoup sur la transmission des savoirs, à travers le système de parrainage par exemple.

Comment voyez-vous Serfim dans 10 ans ? Quels sont les leviers efficaces pour que cela fonctionne ?

C’est d’expérimenter, d’oser essayer. Il faut que les acheteurs publics et privés soient sensibilisés à la question climatique pour prendre en compte les critères environnementaux dans les appels d’offres. C’est l’une des propositions de la Convention des Entreprises pour le Climat : que les décideurs politiques, les dirigeants d’entreprise – et j’ajouterais les acheteurs – aient une formation d’au moins une vingtaine d’heures sur le sujet du climat. Savoir pourquoi cette question est importante pour pouvoir la prendre en compte avec plus de conviction est indispensable !

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